Goût métallique lors des cancers de la tête et du cou : comprendre les causes pour mieux prendre en charge les patients

Publié le 01 septembre 2025

Goût métallique et cancer

         

          Chez les patients atteints de cancers de la tête et du cou (cancers ORL par exemple), les traitements, notamment la radiothérapie, altèrent souvent le goût ce qui dégrade leur qualité de vie. Le goût métallique et son étiologie avaient peu été étudiés jusqu’alors. Le CH de Valence et le CSGA ont mené une étude prospective consistant au suivi de 44 patients nouvellement diagnostiqués pour mieux comprendre l’origine de ce trouble.

Douze patients sur 44 ont signalé un goût métallique. Les chercheurs ont exploré une hypothèse : le stress oxydatif induirait l’oxydation des lipides dans la bouche, générant des composés volatils responsables du gout métallique. Pour tester cette hypothèse, des marqueurs salivaires du stress oxydatif (dont le malondialdéhyde, MDA, un produit de dégradation des lipides) et de l’équilibre redox ont été mesurés avant, pendant et jusqu’à un an après le traitement.

Les résultats montrent que les traitements modifient bien le stress oxydatif salivaire. En particulier, le MDA augmente fortement pendant la radiothérapie. Pourtant, lorsqu’on compare les patients ayant un gout métallique à ceux qui n’en ont pas, aucune différence significative de MDA n’est observée. Cela suggère que d’autres mécanismes expliquent l’apparition du gout métallique (1).

Autre volet de l’étude : l’efficacité d’un bain de bouche à base de lactoferrine bovine, connue pour neutraliser les radicaux libres, produits de l’oxydation. Chez 63 % des patients, ce bain de bouche a partiellement soulagé le gout métallique, selon leur propre perception.

Par ailleurs, d’autres troubles du goût (sucré, salé, acide) apparaissent pendant le traitement sur certaines zones de la langue, et sont bien liés à des niveaux élevés de MDA (2).

Enfin, l’hypothèse d’un dysfonctionnement nerveux a été étudiée en comparant expérimentalement la perception gustative à la base de la langue (innervée par le nerf glossopharyngien) et au bout de la langue (innervée par le nerf facial). Cette hypothèse a été écartée. En revanche, la mucite (inflammation de la muqueuse buccale) est fréquente chez ces patients et fortement associée au goût métallique. L’inflammation semble donc être le facteur clé (3).

En conclusion, si le stress oxydatif est bien présent, l’inflammation buccale serait une cause probable du goût métallique.

Ces résultats restent à confirmer sur un plus grand nombre de patients. 

Contact

Dr Guillaume BUIRET: gbuiret@ch-valence.fr

Pour en savoir plus

(1)     Exploring the role of oxidative stress in metallic taste during head and neck cancer treatment : a study of salivary markers and therapeutic interventions.
Brignot H, Buiret G, Thomas-Danguin T, Feron G, editors.  7th International Conference on Food Oral Processing Physics Physiology and Psychology of Eating; 2025 12th to 14th of May 2025; Valence, Spain.
(2)     Altérations gustatives et salivaires chez des patients atteints de cancer des voies aérodigestives supérieures : étude longitudinale prospective.
Buiret G, Thomas-Danguin T, Brignot H, Feron G.  Cahiers de Nutrition et de Diététique. 2025;60(3):183-92.
(3)     Evaluating the Etiology of Metallic Taste During Head and Neck Cancer Treatments: A Study of Facial and Glossopharyngeal Nerve Interactions.
Buiret G, Brignot H, Septier C, Feron G, Thomas-Danguin T. Neuroscience. 2025;NSC-25-0585R1

Mots-cléfs

Stress oxydatif, Biomarqueurs salivaires, Radiothérapie, Alteration du goût, Inflammation orale